Cling & Embrace
(Archives de l'exposition)
05-21 jan 2024
exposition solo
at FILTER Gallery






Photo:小泉菜摘 / Natsumi Koizumi(1-11)













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”Rêve éveillé”

Durant plusieurs mois avant que je ne sois confrontée à cet évènement, je suis allée faire régulièrement de l'hypnothérapie.A cette époque, j’ai ressenti que je ne pouvais pas résoudre seule le poids qui pesait sur mon corps et mon esprit. J’ai donc décidé de tester une nouvelle solution qui ne figurait pas initialement dans mes choix.J'ai parlé à plusieurs reprises de ce qui m’est arrivé lors de séances avec le psychiatre. Cependant seulement lui faire écouter mon histoire n'a pas donné les résultats escomptés. Les causes envisagées n’étaient qu’un point de vue unilatéral et j’avais l’impression qu’il ne s’agissait que de moyens superficiels pour résoudre le problème.
C’est ainsi que j’ai conclu qu’il me faudrait creuser le domaine de mon inconscient mais pas mon esprit éveillé.
Qu’y a-t-il dans la mer que nous ne puissions soupçonner depuis la pointe de l’iceberg ?


Le 7 mai

Je me suis dirigée vers le cabinet fébrilement.
Il s'agit d’un cabinet de psychothérapeute où on peut également avoir recours à l’hypnothérapie.Le chemin de la station jusqu’au cabinet est tout simple, je me suis dirigée tout droit en sortant du guichet, j’ai tourné à droite dans la grande avenue et le cabinet se trouvait là-bas. A l’entrée, deux petits adorables ratons laveurs en céramique de style Shigaraki-yaki m’ont accueillie en me regardant d’en bas.

Lorsque j’ai ouvert la porte, l’intérieur était tout calme et sobre. Uniquement la lumière naturelle qui rentre par la fenêtre et celle de la réception éclairaient doucement la salle d’attente et le couloir qui me mène vers la salle de consultation. Les murs sont décorés avec des photos d’arbres de bouleaux et des paysages.

Je me suis présentée à la réception pour donner mon nom et l’heure de rendez-vous, puis je me suis installée dans la salle d’attente. Peu après j’ai entendu le bruit de la porte de salle de consultation qui s’ouvre au fond du couloir.

«Je vous en prie, entrez.»

C’est un médecin petit, habillé en chemise décontractée, qui porte des lunettes carrées qui m’a accueillie.
Son ambiance d’homme de science et l’expression douce de son visage m’ont rassurée.

J'attendais avec impatience ma première séance d’hypnose aujourd’hu, sur le qui-vivei. Cependant, le médecin m’a proposé de commencer par l’entretien. Parce qu’Il avait besoin d'écouter mon histoire davantage, et que l'hypnose n'est pas couverte par l’assurance maladie et que les frais médicaux coûtent relativement chers.


Le 15 mai

Une semaine plus tard, je suis retournée au cabinet munie d'une boîte de mouchoirs.

Lors de la première consultation, j'étais tellement émotionnellement perturbée que j'ai fini par utiliser beaucoup de mouchoirs du cabinet. Alors cette fois j'ai apporté les miens en prévision des larmes. Le praticien qui m’a accueilli a gentiment dit : «C'est la première fois que je vois une patiente apporter une boîte de mouchoirs. Vous n’en aurez pas besoin la prochaine fois.»

Après cela, j’ai raconté mon histoire avec plus de calme et sérénité de que lors de ma première consultation. La première séance a duré une heure et la deuxième environ 30 minutes. Mais à la deuxième séance, je n’avais plus rien à raconter. Je pensais que seule l'hypnose aiderait à résoudre mes problèmes lorsque j’ai dit au médecin que je n'avais plus besoin de consultation. Il a enfin pris sa décision en me répondant : «Alors, essayons l’hypnose la prochaine fois.»






À propos de la tranquillité d’esprit

Le 26 mai
Le jour de ma première séance d'hypnose est venu. La salle d'attente est silencieuse mais de temps en temps de faibles voix me parviennent de la salle de consultation peu éclairée.
Alors que j'observe mon environnement, j'entends des voix se rapprocher de plus en plus et la porte devant moi s'ouvrir soudainement. Une femme qui semble enceinte, un homme qui l’accompagne et le médecin sortent de la pièce et après une conversation amicale, celui-ci les accompagne jusqu’à l’entrée.
«Je vais aller aux toilettes un instant», me dit-il en souriant et se dirige vers les toilettes. Après un petit moment, il sort des toilettes et passe hâtivement devant moi pour entrer par la porte de la salle de devant. Et c'est après quelques minutes que la porte de la salle du fond s'ouvre sur le médecin qui m'accueille. Apparemment, la salle à l’avant et celle à l’arrière sont connectées.


Lorsque j'entre dans la salle, le médecin m’invite à m’asseoir sur une chaise devant. Assis au fond de la salle, il me parle en m’observant. Puis après avoir comblé l'espace entre mon cou et le dossier de la chaise avec une serviette, il me pose des questions délicatement une par une pour que je sois à l’aise pendant la séance; «N’avez-vous pas besoin de couverture ?» «Sentez-vous bien avec la position des mains comme ça ?»Apparemment il se préparait pour l’hypnose qui dure environ 50 minutes où je dois rester assise sur une chaise tout au long de la séance. Il semble que cette mise en place est destinée à prévenir toute distraction pendant la séance.
Il me demande ensuite d'enlever mes lunettes, de fermer les yeux et de respirer profondément. L’hypnose commence.

«Respirez… Expirez…»

Je suis ses instructions alors que sa respiration est calme comme le son des vagues sur la plage. Après plusieurs respirations, le médecin dit doucement d'une voix grave.
«Alors sentez la chaleur à l'intérieur de votre ventre enveloppé dans la couverture pendant votre respiration. Vous pourrez la sentir dans la main que vous posez sur votre ventre. Sentez-vous la chaleur ?»
J'ai fermé les yeux en acquiesçant.
«Oui. Maintenant, continuez à respirer. La chaleur descendra jusqu'à vos pieds et s’éteindra jusqu'à la plante de vos pieds en contact avec le sol. Vous ressentirez la chaleur jusque là. Qu'en pensez-vous ?»
J'acquiesce encore. Ce n'était pas difficile pour moi de suivre les instructions et de visualiser la chaleur se propageant jusqu'à mes pieds. Parce que j'avais de l'expérience en travail corporel et étais habituée à me concentrer sur mon corps.

«La chaleur que vous ressentez sera transmise de votre ventre à vos mains, de vos pieds jusqu'à tout votre corps. Là, un sentiment de sécurité gagnera tout votre corps.»
La voix calme du médecin est devenue progressivement forte et il a essayé de me guider avec son style de parler dynamique.
Cependant je n’ai pu m'empêcher de percevoir une image négative, comme des lignes griffonnées frénétiquement jusqu’à ce que la mine du crayon soit casée et à la fois comme un bruit de déchirure d’une feuille de papier, contrastant totalement avec la «chaleur» ou la «tranquillité d'esprit» que le médecin m'avait conditionnée à ressentir. Et les gribouillis s'intensifiaient petit à petit jusqu'à recouvrir tout mon corps.

Je n’en pouvais plus supporter et ai enfin déclaré : «Je suis désolée, mais j'ai une image perturbée et je n'arrive pas à percevoir l'image correctement...» Le médecin a semblé ressentir un certain danger et a changé le ton de sa voix de tout à l’heure pour me dire clairement : «Maintenant, respirez trois fois, puis ouvrez complètement les yeux à la fin.»
«Inspirez, expirez… Inspirez, expirez… une dernière fois, inspirez, expirez… voilà maintenant ouvrez bien les yeux…»

J'ai ouvert grand les yeux. Les images qui me sont parvenues pendant l’hypnose n’étaient pas plaisantes. Je ne me souviens pas maintenant de la conversation ni de ce qui s'était passé après la séance. J'ai pourtant fixé un rendez-vous suivant.



Étoile 


Le 15 juin

La deuxième séance d'hypnose a eu lieu deux semaines plus tard. Comme la première fois, j’entre dans la salle et le docteur m'observe, puis il vérifie ma position assise. J’ai l’impression que je suis installée plus confortablement.

Ensuite, je commence à respirer profondément de la même manière.
«Inspirez, expirez… Inspirez, expirez… Inspirez, expirez…»
Il me guide en m'accompagnant lui-même dans ma respiration. Lorsqu'elle est devenue suffisamment profonde, il m’a dit: «des étoiles brillent dans le ciel noir et elles se déplacent lentement».

 Cependant, même si j’essaye de le visualiser, cela ne marche pas comme prévu et les corps célestes que j'imaginais tournaient à une vitesse surprenante. Il me paraissait que l'aube était sur le point d’arriver.
De plus, même si je veux me concentrer sur les étoiles du ciel nocturne, d’autres lumières me distraient inévitablement et interfèrent avec ma concentration.

La salle était faiblement éclairée et même si je ferme les yeux, une faible lumière traverse mes paupières. Je savais en fait que les endroits où les étoiles brillent si intensément sont des endroits beaucoup plus sombres.

Quand j'étais étudiante, je faisais un membre du club d'astronomie, et pendant l’excursion d’observation, nous avons marché dans la forêt le jour et observé les étoiles dans l'obscurité totale la nuit. L’obscurité qui enveloppait complètement mon corps n’était pas ici.

Le médecin a continué à décrire le joli paysage nocturne, mais je n’arrivais pas à y m’intégrer et juste le temps a passé. Lorsque l’hypnose s’est terminée, je lui ai avoué franchement ce qui m’est arrivé. Je lui ai raconté que les corps célestes apparus dans mon esprit ont tourné tellement vite et que les endroits où on peut voir les étoiles très clairement sont beaucoup plus obscurs, profonds. Le docteur a été intéressé par le fait que je faisais partie du club d'astronomie dans le passé et m’a répondu avec un sourire : «Je crois que votre expérience au club d'astronomie est un souvenir formidable.»

Après un moment de silence, le médecin m'a demandé : «Comment projetez-vous cela et voulez-vous faire à l'avenir ? »
Je n'ai pas pu bien répondre à cette question sur le coup. J’ai eu l’impression qu’il me demandait clairement la raison pour laquelle je viens ici.
Quand je suis partie du cabinet, je me suis demandé où je veux aller avec la séance d’hypnose. Puisque je peux mener une vie sociale sans aucun problème, il n’est pas indispensable de venir ici. Pourtant j’étais persuadée que j’avais une certaine raison de venir. Il était simplement extrêmement difficile de l’exprimer verbalement.

Je pense que l'hypnose est une sorte de voyage pour communiquer avec soi du côté de l'inconscient.
Dans la vie quotidienne, je ne peux m’empêcher de cacher mes pensées et céder face aux autres et quelque fois je ne le réalise même pas.
Cela ne parait pas grande chose, pourtant il m'est arrivée souvent de m'éloigner de la direction que je voulais initialement prendre et de me retrouver dans un endroit que je ne voulais pas. Cependant, cela ne veut pas dire que je n’ai pas d' idées propres, mais juste que je me plie aux autres. A ce moment-là, une raison claire verbalisée pour recevoir l’hypnose m’est arrivée à l’esprit: «Je veux retrouver mon autonomie».







Lever la main

Le 30 juin

Je suis venue pour ma troisième séance d’hypnose. Après avoir discuté un moment de ce qui s’est passé ces derniers temps, j'ai expliqué pas à pas la réponse que j'avais trouvée à la question posée la séance précédente.

«La dernière fois, je n'ai pas pu répondre à votre question comment je voulais être à l’avenir et j’y ai réfléchi depuis. En fait j'ai tendance à me plier aux autres sans être forcée. Cela ne veut pas dire que je n'ai pas d’idées propres. Par conséquent, je veux retrouver mon indépendance. C'est pourquoi je viens ici.

Mais je n'ai pas assez de force actuellement. Je sais dans quelle direction je veux aller, mais je n'ai pas l'énergie pour m'y diriger. Alors, je vais vous indiquer la direction, et j'aimerais que vous m'aidiez à ramer le bateau et à avancer dans la direction que je vous montre. J'aimerais que vous m'accompagniez dans mon voyage spirituel.》

«C'est une bonne idée», répondit joyeusement le praticien.

Ainsi la séance d'hypnose commence. D'abord, je m'installe confortablement et j'enlève mes lunettes. Il me dit cette fois-ci que je n'aurai pas besoin de fermer les yeux.

Comme d'habitude, je prends une profonde respiration et je suis ses instructions. «Concentrez-vous sur votre main droite posée sur vous en ce moment. Le poids de votre main sera progressivement plus léger et elle se lèvera…» A vrai dire, je ne vois pas si ma main est levée ou pas avec ma vue sans lunettes. Mais ce qui était certain, c'était mon sentiment que «Je ne veux pas me donner la permission de lever ma main». En fin de compte, ma main ne s’est pas levée dans le cadre de ma conscience. Jusqu'à présent, je n'ai jamais réussi à suivre ses instructions et mon esprit ne faisait que résister.

À ce moment-là, je me suis demandé sincèrement si j’étais vraiment sérieuse vis à vis de l’hypnose et si j’y étais motivée. Lorsque j'ai exprimé sincèrement mon désir de résister, le médecin m'a dit: «Valorisons le sentiment que vous ressentez.» J’ai trouvé cette parole extraordinaire parce que ça ne fonctionne pas comme ça dans la vie quotidienne. J'ai senti que c'était le grand premier pas pour retrouver de l’autonomie pour moi qui ai tendance à céder aux autres. J’ai voulu pouvoir dire aux autres que: «Respectons nos sentiments» lorsqu'ils ne souhaitent pas suivre les autres.



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July 15th
 As the next counseling session approached, one day on my way to work, I had a moment of realization where I noticed the presence of a figure larger than myself. It might sound abrupt, but I'd like you to hear me out with the understanding that truth can be stranger than fiction.
 The "figure larger than myself" wasn't something visible; it was an image I perceived. It felt like hearing noises from the attic, where you can't see anything but are convinced there's a mouse or something up there.
 This presence was both like a mother figure and yet larger, silently lowering its gaze and moving slowly, leaving a strong impression.





Le 15 juillet
Sur le chemin du travail, j'ai remarqué une présence de moi plus grande que moi-même. Elle me ressemble mais en plus grand, comme une mère baissant les yeux sans rien dire et bougeant doucement. Jusqu'à présent, je reconnaissais une présence de moi mais comme un enfant, distincte de moi-même. Je pense que j'avais tenu la main de cet enfant et lui disais toujours : 'Ça va aller.' J'étais donc toujours dans un état de tension et sous pression quelque part, comme si j'étais obligée d'être adulte. Mais quand j'ai réalisé la présence du grand moi-même, j'ai eu l'impression d'être son enfant. Je réconforte le petit moi-même et je suis réconfortée par le grand moi-même. Cela ressemblait à un cycle entre l'enfant et la mère."


Le 17 juillet
Dieu est silencieux. Je pense que c'est vraiment ainsi.
Et mon Dieu garde le silence et se meut lentement.


Le 18 juillet
Le mouvement lent est un murmure comme le silence ce qui ne signifie pas un rejet mais plutôt un état de compagnie tranquille. J’ai reconnu une présence d’un petit enfant tout effrayé qui me tenait la main comme s’il s'accrochait à moi, implorant quelque chose. Cependant, même si je voulais l’accepter, je ressens en même temps un fort sentiment de rejet. «Dis... dis...» dit le petit enfant effrayé. On dirait un petit garçon. Quoi ?! Ce n'est pas moi. Pourquoi est-ce donc un garçon ?





3

Dans ce journal intime, j'ai couché sur le papier ce que j'ai ressenti ces derniers jours. J'ai eu l'impression que c'était peut-être cela que signifiait cette parole entendue quelque part : 'Dieu se tait'. C'est une présence qui est là, simplement, sans rien faire.

C’était comme un élément indispensable qui existe constamment en mouvement, tel la mer ou le vent, tout en restant présent. Et quelques jours plus tard, j'ai réalisé que l'enfant était bien un garçon. Je pensais que l'enfant apparu représentait mon 'enfant intérieur'. L'enfant intérieur fait référence aux émotions et au soi de l'enfance qui demeurent à l'intérieur des adultes. C’est un concept psychologique qui influence le comportement et les émotions actuelles. Mais pourquoi était-ce un garçon ?












Le pot

Le 20 juillet

Après quelques jours mystérieux, le jour de la séance est arrivé. Jusqu'à présent, j'ai essayé des techniques d'hypnose telles que «essayer de me sentir en sécurité», «imaginer une belle nature» et «lever la main en suivant l’instruction», mais je n'ai pas réussi à me concentrer. Que va-t-il se passer aujourd'hui ? Comme d'habitude, je m'assieds, ferme les yeux et respire profondément. Ma conscience s'est progressivement estompée, comme enveloppée d'une brume douce, puis le docteur m'a parlé.

«Il y a un pot devant vous. Quelle forme a-t-il ?»

«...Il est jaune et a une forme déformée. Cela me fait penser un peu aux oeuvres de Yayoi Kusama...»

«D'accord. Ce pot a-t-il un couvercle ?»

«Oui.»

«Je vois. Comment est le pot suivant ?»

«C'est un pot en céramique brune et brillant (qui semble contenir une délicieuse sauce secrète). Puis il y a aussi un un pot en terre cuite rouge, simple et rustique uni et un pot rouge déformé à pois blancs. Et aussi... un pot bleu...»

«Nous allons arrêter par là pour l'instant. Comment les pots sont-ils alignés ?»

«Ils sont alignés côte à côte sur une longue table.»

«Alors, qu'est-ce qu'il y a dans chaque pot ? Eh bien, quand vous ouvrez le couvercle du pot jaune déformé, comment est-il à l'intérieur ?»

Je ne suis pas sûre car je fermais les yeux, mais il parait que le médecin prenait des notes sur les pots dont j’ai parlé, et qu'il les regardait quand il en a parlé. Suivant les instructions, j’ai imaginé à nouveau le pot. ll est intéressant mais sa couleur jaune vif me donne un petit sentiment de rejet.

«Eh puis il y a de l'eau claire et très fraîche dedans.»

Lorsque j’ai ouvert le couvercle du pot et regardé à l’intérieur, j’ai été surprise de constater qu’il contenait de l’eau fraîche aussi claire que de l’eau de source. L’intérieur du pot ressemble à un puits comme si on entendait l’écho des gouttelettes d’eau tombant à la surface de l’eau et je ne m’y attendais pas de l'extérieur et je me suis sentie un peu soulagée.

«D'accord, alors... est-ce que le pot en céramique brune et brillant a un couvercle ?»

«Oui.»

«Alors, quand vous ouvrez le couvercle, comment est-il à l'intérieur ?»
Le pot suivant ressemblait à celui qui contient la sauce secrète que l'on trouve dans des restaurants traditionnels.

«Il contient une sorte de liquide brun collant, comme de la laque... de la sauce.»

«Très bien. Alors, est-ce que le pot suivant... rustique... simple en argile rouge a un couvercle ?»

«Non.»

«D'accord. Qu'est-ce qu'il y a dans le pot ?»

«Il n'y a rien à l'intérieur. Il est complètement vide.»

Il n’y avait rien dans le pot en argile rouge à la texture lisse et sèche.
«Entendu. Alors, le pot suivant…déformé, rouge avec des pois blancs a un couvercle ?»

«Il y a un couvercle, et à l'intérieur... il y a quelque chose qui bouge et qui me fait penser à des organes internes, au point de vouloir les cacher derrière une mosaïque..»

À l’intérieur, il y a des choses comme des organes internes qui bougent de manière grotesque.
Il y avait une différence inattendue entre l'apparence extérieure et le contenu des pots alignés sur la table.

«Alors, parmi les pots devant vous dans lequel aimeriez-vous entrer en premier ?»

«C'est le pot en terre cuite rouge.»

«Alors, entrez à l'intérieur.»

«... (long silence) . Il n'y a rien à l'intérieur, mais il y a de la tranquillité comme si j'étais dans un bâtiment. La touche rugueuse de la céramique est tout simplement apaisante.»

À l’intérieur du pot, j’ai simplement profité du vide et de la sensation rugueuse et granuleuse de la céramique en la caressant avec les mains. J'aime tellement une certaine artiste que je ne passe pas un jour sans penser à elle. L’intérieur du pot en terre cuite rouge m’a d’ailleurs fait penser à un espace créé par elle.

«Très bien. Alors sortez du pot en terre cuite rouge.»
J'ai eu un peu de regret à devoir quitter cet endroit.

«Est-ce que vous êtes sortie du pot ?»

«………Oui.»

«Maintenant, fermez le couvercle.»

«…Oui.»

«Vous pouvez choisir un pot où vous souhaitez entrer par la suite.»

«C'est le pot jaune déformé.»

«Alors entrez-y.»

«…L’eau à l'intérieur est aussi claire que de l'eau d'un puits, elle est très fraîche et confortable.»

L’eau à l’intérieur est limpide et la lumière qui entre de quelque part se reflète en scintillant de façon désordonnée.. L'eau froide était agréable et me rappelait que j’ai nagé dans une grande rivière autrefois. C'est un pot très confortable.


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«D'accord. Alors sortez du pot jaune déformé… Êtes-vous sortie du pot ?»
«…Oui.»
«Maintenant, fermez le couvercle.»
«…Oui.»

«Vous pouvez choisir un pot où vous souhaitez entrer par la suite.»
«Ce sera le pot en céramique brune et brillant.»
«D'accord, alors entrez à l'intérieur.»
«… Je suis entrée. Il y a une sorte de liquide comme la sauce ou du pétrole brut très lisse et amusant.»
L’intérieur du pot est recouvert d’un liquide insipide, inodore, rouge-brun foncé presque noir et très visqueux comme une sauce secrète ou du pétrole brut. Le sol recouvert du liquide pourrait serait propice à des glissades de comédiens comiques, et c’était un endroit joyeux qui m’amusait. J'ai tellement aimé l'intérieur du pot jusqu’au point de m’exclamer de joie.

«D’accord. Maintenant…sortez du pot rouge-sombre brillant. Est-ce que vous êtes sortie du pot ?»
«…Oui.»
«Alors fermez le couvercle.»
«…Oui.»

«Enfin... c’est un tour du pot déformé rouge à pois blancs. Alors entrez à l'intérieur.»
«Euh…Non…Je ne veux pas entrer à l’intérieur. Attendez un instant.»
J’ai hésité à entrer dans le pot. Ce pot est trop énigmatique et j’ai besoin de me préparer mentalement avant d’y entrer. Cependant, malgré ma réticence, j’ai décidé d’affronter cette chose inconnue.
Calmant mes sentiments de résistance, j’ai essayé d’imaginer entrer dans ce pot déformé. Après un moment de silence.
«…L'intérieur du pot est recouvert d'organes internes qui se tortillent comme un être vivant. Ils semblent tellement chaotiques et dégoûtants que, honnêtement, je ne sais pas trop quoi faire.»
J'ai essayé d'entrer, mais je voulais sortir au plus vite. Alors j'ai entendu la voix du docteur comme un navire de sauvetage.
«Je vois. Alors... sortez du pot rouge déformé à pois blancs. Etes-te-vous êtes sortie du pot ?»
«...Oui. Je suis bien sortie et j'ai bien fermé le couvercle.»
J’ai poussé un soupir de soulagement quand j’ai enfin pu sortir de ce pot.

«Maintenant, éloignez-vous des pots suffisamment pour pouvoir tous les voir à la fois.»
«…Je me suis éloignée."
«Alors vous pouvez décider où placer chaque pot. Dites-moi où vous les mettez un par un.»

«Bien entendu. D’abord, j’ai placé le pot en terre cuite rouge rouge près de moi. Et puis, je place tous les autres pots dans un entrepôt à l'ancienne aux murs épais. Je mets le pot jaune déformé sur le sol à l’entrée de l’entrepôt… et puis, euh… le pot en céramique brune et brillant sur l’étagère au milieu. Pour le pot rouge à pois blancs, j'ai d’abord sorti toutes les affaires dans l'entrepôt, l'ai posé au fond et l’ai recouvert avec tout ce que j'avais sorties. »

L’emplacement des pots a été fixé rapidement. Le pot en terre cuite rouge rouge me plaisait beaucoup et je l’ai trouvé rassurant de l'avoir près de moi. Ce qui était intéressant, c'est que même si j’avais évalué positivement le pot jaune comme le pot rouge-sombre, je les ai rangés dans l’entrepôt aux murs épais comme le pot rouge à pois blancs. Il me semble que, que ce soit positif ou négatif, je ne voulais pas mettre quelques choses d’irritantes près de moi.

«D’accord, bien entendu. Alors, respirez trois fois profondément. À la troisième fois, ouvrez complètement les yeux. Inspirez… expirez… inspirez… expirez… et c'est la dernière fois. Inspirez… expirez… et ouvrez les yeux.»

 J'ai repris conscience et ai ouvert les yeux comme si la voix du médecin m’avait extirpée.
Pour la première fois, j’ai eu l’impression que l’hypnose avait fonctionné. La différence évidente entre cette hypnose et les autres séances pourrait être qu’elle n’avait pas d’objectif concret. Les actions jusqu'à présent telles que «ressentir un sentiment de sécurité», «imaginer une belle nature» ou «lever la main», suivant les instructions étaient passives tandis que l’action d'«imaginer des pots» était très proactive. J'ai dit au médecin que la séance d'aujourd'hui était très intéressante, j'ai pris un prochain rendez-vous et ai quitté le cabinet.
Je marchais en pensant à ce qui s'était passé. Quand je suis arrivée à l'entrée de la station, une évolution s’est produite soudainement entre ce moi imaginaire et l’enfant, qui co-existaient avec moi depuis ces derniers jours.

Mon grand moi a pris le petit garçon dans ses bras. Il pleurait près de moi mais il s'est arrêté avec une expression hébétée Puis, il est devenu comme un bébé, plus jeune qu’avant, tenu dans ses bras. J'ai vraiment pensé que c'était une bonne chose, parce que je me sentais impuissante pour l’empêcher de pleurer, soulager son immense tristesse malgré toute parole affectueuse possible, quelque soit le temps que j’y investirais. Mon grand Moi qui tient l’enfant dans ses bras est tout calme, d'un évident sang-froid. Je me suis sentie légère et suis rentrée chez moi.

Demain, c'est mon anniversaire mais je passerai une journée ordinaire sans aucune exception, je ferai quelque travail le matin, notamment pour diverses tâches liées à mon ouvrage.
Ça sera une journée sans évènement particulier. Mais je pourrai passer un bon moment sans avoir peur de rien, je suis vraiment heureuse. Ça sera exactement un joyeux anniversaire.














Dans la même soirée, quand j'ai pensé : «C’était quoi finalement cet enfant ?», un certain visage a traversé mon esprit et ma conscience s'est effondrée. J'ai senti mon corps se raidir.
«Ah, c'est lui..»
L’enfant qui pleurait en s’accrochant à moi était bien lui. Si tel était le cas, ça serait logique que l’enfant que je considérais comme mon moi enfantin intérieur soit donc un garçon.

J'ai pris une douche avant de me coucher sur cette pensée. Même pendant la douche, le grand moi-même avec l’enfant pris dans ses bras étaient présents.
Lorsque je faisais mousser le shampoing dans mes cheveux, le grand moi-même a embrassé soudainement l'enfant sur les lèvres comme si elle voulait me le montrer exprès. Ça signifierait que je l’ai embrassé moi-même. Un sentiment de dégoût et de haine a surgi d’un seul coup, et au moment où j’allais l'exprimer verbalement, mon grand moi-même a, comme pour répondre à mes sentiments, tordu le cou de l’enfant pour lui arracher la tête.
Je n'ai pas pu cacher mon choc face à ce qui s'était passé. L'enfant a disparu en un instant et quant au grand moi-même, il est devenu comme un petit chien fantôme. En état de perturbation total, je me suis rincée le corps couvert de mousse de shampoing avant de retourner dans ma chambre.
Pendant que je me séchais les cheveux, je restais là, perdue, en me demandant ce qui s'était passé: «Il y a quelque chose de terrible est arrivé.» J’ai dormi cette nuit-là sans rien comprendre, et le lendemain matin, j’y ai repensé, mais toujours sans rien y comprendre.
Plus tard, j'ai fait une autre séance d’hypnose.
C’était la suite de la dernière fois et je suis entrée dans les pots qui étaient toujours dans l’entrepôt à l'ancienne. Je les ai sortis et j’y suis entrée dans le même ordre.
Le pot en terre cuite rouge, simple et rustique est vide et toujours silencieux. La lumière pénètre dans le pot sombre. C’était un espace où l’ombre et la lumière s'harmonisaient mutuellement.




Le pot jaune déformé est toujours rempli d’eau claire.
Dans le pot en céramique brune et brillant il y a des montres et des objets métalliques dans un liquide très visqueux et quant au pot rouge déformé avec les pois blancs, j’y vois toujours quelque chose qui ressemble à des organes internes qui bougent et je ne sais pas comment les traiter. Pourtant j’ai pensé que ce serait dommage si ils perdaient leur énergie.
En fin de compte, j'ai eu l'impression que la résolution de l’image de cet espace a augmenté par rapport à la dernière fois.


Ensuite, j’ai voulu faire une réservation pour la prochaine séance, mais je n'arrivais pas à me décider sur une date, j'ai donc décidé d’appeler plus tard.
Je ne sais toujours pas ce qu'était cet événement mystérieux jusqu'à présent. J’ai donné des concepts à mon ouvrage et j’y ai trouvé finalement un message plutôt positif qui m’amène vers une direction lumineuse, comme une prière. Mais tout ce qui m’est arrivé ces dernières semaines était tellement inattendu et déconnecté de la vie sociale.
Quelques jours plus tard, j’ai remarqué que j'avais oublié de prendre le prochain rendez-vous d'hypnose. Mais en même temps j’ai pensé que ce n’était plus nécessaire d’y retourner. J'étais convaincue que c'était le bon moment pour arrêter. Depuis, je ne suis pas retournée au cabinet.

Depuis, mes expériences extraordinaires perdent petit à petit de leur vivacité et s’estompent avec mes souvenirs quotidiens. Je pense qu’ils s'estompent et se fondent en moi.





”Rêve éveillé”
(euglena)





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